La vie moderne est-elle une source de stress?
Document 1
J’ai pas le temps!
Alors que le taux de chômage atteint des sommets, font fureur les discours courant de pester contre les chronophages de la vie moderne. Nous sommes constamment harcelés par des corvées et incapables de prendre du bon temps. Comment en sommes-nous arrivés là?
Êtes-vous plutôt “FOMO” ou “LOBO”? Les “FOMO” (Fear Of Missing Out) assument totalement la peur panique de passer à côté de quelque chose, ce qui serait la petite névrose contemporaine la plus répandue. Ils sont toujours plus connectés, tournant comme des hamsters sur leur roue, pour ne pas rater un SMS ou un tweet.
Les “LOBO” (LOvers of Bad Organization) regrouperaient à l’inverse les réfractaires à la soumission au toujours plus vite, ceux qui ont érigé la procrastination en mouvement de résistance à la dictature de l’urgence. Ils sont tout aussi consommateurs de tablettes et d’applis que les précédents, mais plutôt pour vagabonder sur des blogs de voyages ou jouer à Angry Birds que pour optimiser leur vie. Entre les deux, il y a ceux qui n’ont pas vraiment choisi leur camp : mi-victimes, mi-consentants, ils constituent l’immense majorité des stressés de la vie, comme disent peu gentiment les jeunes pour brocarder ces adultes toujours en train de courir.
Être survolté, c’est chic !
L’époque est paradoxale : au pays des 35 heures et des 10% de chômeurs, où le profil du cadre surbooké a tout du dinosaure en voie d’extinction, jamais on ne s’est autant plaint d’avoir des semaines de fou et une vie de dingue. Qui oserait dire “J’ai passé les sept derniers jours sur World Of Warcraft [jeu de rôle en réseau particulièrement addictif] parce que je n’ai rien de mieux à faire en ce moment” ? Il faut forcément être “busy”.
Il est totalement inconvenant d’avouer, sauf posture esthétique houellebecquienne, des journées de rond-de-cuir catatonique ou des soirées d’apathie télévisuelle. Alors que les outils de gestion du temps semblent se multiplier, gadgets clignotants et smartphones plus dévoués que 10 assistants personnels d’élite, la complainte enfle, unanime : “Je suis débordé”. Une aubaine pour les bons apôtres de la vie simplifiée, coachs en organisation (une niche qui s’agrandit de jour en jour, y compris pour les lycéens), auteurs de livres de développement personnel ou inventeurs plus ou moins inspirés (ah, la couche qui sonne pour rappeler aux jeunes mères sous pression qu’elles doivent changer bébé !).
Que l’on se croie au bord du burn-out ou qu’on le soit vraiment (ça arrive tout de même), le sentiment d’être pressuré est général. Tout comme est récurrent le discours sur cette envie de retrouver un autre rapport aux choses de la vie, qu’il s’agisse de faire le pain soi-même, d’aller passer un week-end dans une cabane haut perchée ou, simplement, d’avoir enfin “du temps à soi”.
Le numérique: addictif ou libérateur?
Au premier rang des accusés, il y a évidemment les nouvelles technologies. Si les ados ont de mauvaises notes, c’est dorénavant à cause de Facebook, le grand Moloch chronophage. Jamais plus à cause de leur inculture notoire. Et si les adultes sont charrette, c’est qu’ils sont les esclaves de sollicitations numériques importunes et voraces. Et certainement pas parce qu’ils sont incapables de résister à l’envie funeste de checker leurs mails, leurs spams, en fait, toutes les cinq minutes.
Internet, cet écosystème de technologies d’interruption, nous rendrait bêtes, pour reprendre le titre d’un ouvrage polémique du journaliste américain Nicholas Carr (“Internet rend-il bête?”, Robert Laffont, 2011). Il nous ferait régresser à un stade primitif de la pensée, celui du cerveau jongleur, incapable de se concentrer. Le procès est un peu rapide. Selon une récente étude CSA-Orange, quand nous ne cherchons pas de coupables trop désignés à nos journées overbookées, nous sommes tout de même 87% à concéder que les technologies sont indispensables pour gagner du temps. Et 92% à être plus souvent connectés détendus que connectés stressés.
Ces chiffres confirment l’ambiguïté du numérique: il facilite indéniablement la vie et la communication. On peut envoyer un texto à sa moitié ou caler un rendez-vous chez l’orthodontiste en Conseil des ministres. Mais il trouble notre perception du temps: on ne se conçoit plus que multitâches, une façon gentille de dire qu’on fait mille choses à la fois, avec le risque de n’en finir aucune.
Et la magie du copier-coller nous rend de plus en plus intolérants à la nécessaire lenteur des vraies constructions intellectuelles. Cette course folle s’accompagne d’un sentiment d’inertie et de fatalisme, remarque l’essayiste Mona Chollet. Nous sommes devenus, en deux mots, hyperactifs et frustrés. La dispersion et le manque d’efficacité finissent par générer en nous autant d’insatisfaction et de culpabilité que le vide et le découragement.
Le marketing du temps retrouvé
Ce temps devenu denrée rare est fatalement l’objet de toutes les convoitises. Les Anglais s’adonnent à des cours d’observation des nuages ou de ukulélé languides, proposés par le groupuscule The Idler (Le Paresseux, www.idler.co.uk). Les Américains ont l’Institute Of Not Doing Much et ses manifestes décalés pour la sieste ou le slow parenting, heureuse pratique qui consiste à laisser ses enfants végéter sans activités (www.slowdownnow.org). C’est le cousin yankee du mouvement Slow Food italien, qui, lui, revalorise les plats qui mijotent des heures, après une corvée d’épluchage interminable et avant une vaisselle à rallonge.
En France, le succès surprise du livre de Christophe André sur la méditation en pleine conscience (“Méditer, jour après jour”, L’Iconoclaste, 2011) témoigne du même besoin de se recentrer sur l’ici et maintenant. Il a pu finir sur la table basse, comme tant d’autres, mais l’idée d’apprendre à se poser attire visiblement. Ici ou là, des gourous en digital detox commencent à faire leur beurre sur cette aspiration à la déconnexion. Et, dans les écolodges les plus chics, quoi de plus gratifiant que de devoir déposer son bazar techno à la réception?
L’instant magique, hors du temps, est d’ailleurs devenu le créneau marketing du moment: dans les hottes de Noël branchées, on a trouvé beaucoup de moments d’exception offerts, des cours de cuisine ayurvédique ou de céramique japonaise à valeur poétique ajoutée, des balades en 2 CV, des joggings urbains avec un guide plein d’anecdotes, des abonnements à “Lettres d’un inconnu”. Bref, de l’immatériel et du souvenir, plutôt que des objets dévoreurs de quotidien. Le réseau MasterCard, quant à lui, est très fier de son programme Priceless (sans prix, comme le temps) qui permet à ses clients d’accéder aux coulisses d’un spectacle, aux secrets d’un pâtissier, d’un parfumeur, d’un sommelier. Time is not money? À voir…
Document 2
Travail: l’isolement et le stress
Les machines démultiplient-elles nos compétences professionnelles? Notre cerveau surpuissant est capable d’entreprendre plusieurs tâches à la fois (multitasking), de s’adapter à des consignes contradictoires, de s’interrompre et de recommencer. Mais jusqu’à quel point? L’observation de pratiques professionnelles montre des résultats confondants. Jusqu’à trois cent vingt-trois interruptions par tranche de huit heures pour le personnel infirmier en France! Qui peut résister à cela? Selon le sociologue Vincent de Gaulejac, les outils informatiques sont l’instrument d’une révolution managériale opérée il y a environ vingt ans. Ce directeur du Laboratoire de changement social à l’université Paris-VII-Diderot explique que “le travail d’équipe s’est déplacé sur l’écran, et c’est au salarié de résoudre les conflits d’intérêt entre les consignes contradictoires émanant de sources multiples”. Seul. “L’écran crée de l’isolement. L’individu bénéficie moins de l’enveloppe du groupe, où il pouvait se plaindre et être consolé par ses collègues.” La communication par écrans interposés brouille l’équilibre vie privée-vie professionnelle. Les mails partis trop vite, écrits sans formule de politesse, l’impératif “urgent” reçu plusieurs fois par jour, voire le dimanche, les “répondre à tous” qui n’en finissent pas… Ces dérapages répétés sont source de malentendus et engendrent à la longue toutes les pathologies liées au stress. Oublier de se voir, de se parler et ne communiquer qu’à distance est d’une grande violence. Car l’écrit peut faire plus mal encore que la parole.
Document 3
Augmentez vos facultés au travail grâce à la méditation
Méditation, yoga, qi gong… Le secteur professionnel, après celui de la santé, est-il le prochain à en bénéficier? Cette révolution pourrait même toucher la high-tech, où, chez Google, des exercices de relaxation sont déjà inscrits à l’agenda des cadres. On y pratique aussi des séminaires de “pleine conscience”, ou mindfulness. Comme l’explique Chade-Meng Tan, ingénieur en chef chez Google, “cela vous permet de vous détendre, de mieux travailler, d’être plus productif et plus efficace”. Plus on est au calme, plus on est attentif et plus on est performant.
Cette initiative est également menée chez EDF, où une centaine de salariés ont testé la méditation à titre expérimental. “Les bienfaits de cette pratique sont désormais démontrés par les neurosciences, qui révèlent des changements importants sur le fonctionnement du cerveau”, explique Jean-Gérard Bloch, docteur en rhumatologie, qui mène ces expérimentations. En 2010, une étude de l’université Harvard, publiée dans la revue Psychiatry Research: Neuroimaging, a ainsi montré une augmentation de la densité de matière grise dans certaines zones du cerveau après huit semaines de pratique de la méditation, à raison de trente minutes par jour. “Des zones impliquées dans la mémoire et la régulation des émotions, le self-control et l’empathie”, détaille Jean-Gérard Bloch.
Certaines entreprises américaines proposent des “séances de méditation laïque” à leurs salariés pour qu’ils puissent trouver des instants de repos et de concentration dans la journée. Pour l’instant, la France, où ces disciplines sont souvent jugées trop ésotériques, reste prudente. Mais cela pourrait changer.
Explorez différentes pistes et choisissez votre approche
Mystérieuse, intimidante, voire taboue, la méditation est encore mal comprise en Occident, où elle continue d’être assimilée à une pratique religieuse ou ésotérique. En réalité, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un ensemble de techniques très précises permettant d’arriver au calme, assure Micheline Flak, professeure de yoga et fondatrice de l’association Recherche sur le yoga dans l’éducation.
Parfois, le lieu de travail lui-même peut se prêter à ces moments de calme. À Paris, un cabinet d’avocats qui organise des séances de méditation pour ses collaborateurs a ainsi transformé un grand bureau en salle de silence où chacun peut se rendre quand il a besoin de souffler. Lorsque le bureau n’offre aucun endroit pour s’isoler, je conseille les toilettes, suggère Sarah Grin. Attention cependant, la méditation n’est pas une solution miracle; elle n’efface aucune mauvaise nouvelle. En revanche, elle permet d’en limiter les effets anxiogènes. Elle améliore notamment la capacité à prendre des (bonnes) décisions en cas de coup dur et à rester efficace en situation de stress. Mais si vous voulez tirer profit de cette pratique, rien de tel que la persévérance et la régularité. D’ailleurs, mieux vaut y consacrer dix ou quinze minutes par jour qu’une heure par semaine.
Préparation à l’épreuve écrite
Organisez vos notes en fonction des points suivants :
- Relations aux différents types de connexion : Paradoxe du stress
- Rôle des nouvelles technologies
- Solutions pour réduire le stress
- Méditation
Epreuve écrite
Une grande entreprise francophone recherche des solutions pour augmenter l’efficacité de ses cadres tout en améliorant leurs conditions de travail. Elle fait appel à votre cabinet de conseil qui doit lui remettre un rapport présentant différentes formules permettant de réduire le stress de ses employés. À l’aide du dossier joint et d’apports personnels, vous rédigerez un texte structuré dans lequel vous présenterez et argumenterez plusieurs propositions en adoptant un style approprié et un ton convaincant. (700 mots minimum.)
Notes
Relations aux Différents Types de Connexion : Paradoxe du Stress
- Les technologies permettent de gagner du temps mais causent du stress.
- Les gens sont hyperconnectés et multitâches, ce qui mène à la dispersion et à la frustration.
- Le paradoxe : plus de connexions et d’outils de gestion, mais aussi plus de stress.
Rôle des Nouvelles Technologies
- Les technologies numériques augmentent les interruptions (emails, notifications).
- Les outils informatiques isolent les employés et créent des conflits d’intérêt à résoudre seuls.
- Les technologies perturbent l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Solutions pour Réduire le Stress
- Formation à la gestion du temps : méthodes Pomodoro, priorisation des tâches, to-do lists.
- Digital detox : périodes sans notifications, plages horaires sans emails.
- Espaces de travail flexibles : salles de silence, zones de repos.
Méditation
- La méditation et la pleine conscience aident à gérer le stress et améliorent la concentration.
- Pratiques adoptées par des entreprises comme EDF et Siemens.
- Augmente la densité de matière grise dans les zones du cerveau liées à la concentration et à l’empathie.
Epreuve Écrite
Introduction
La vie moderne, malgré les avancées technologiques censées la faciliter, est devenue une source majeure de stress. Ce paradoxe est particulièrement visible dans le monde professionnel, où l’isolement dû aux outils informatiques et la pression des délais créent un environnement propice à l’épuisement. Ce rapport propose des solutions pratiques et innovantes pour réduire le stress des employés et améliorer leurs conditions de travail, en se basant sur une analyse approfondie des documents fournis et des apports personnels.
Relations aux Différents Types de Connexion : Paradoxe du Stress
Les documents montrent que la surconnexion, bien que facilitant la vie, est une source importante de stress. Les technologies numériques permettent de gagner du temps, mais elles mènent également à une surcharge informationnelle et à un multitasking inefficace. Mona Chollet souligne que nous sommes devenus “hyperactifs et frustrés”, incapables de nous concentrer et de terminer nos tâches à cause des interruptions constantes. Ce paradoxe réside dans le fait que, bien que les technologies soient censées augmenter la productivité, elles conduisent souvent à la dispersion et à la frustration.
Rôle des Nouvelles Technologies
Les nouvelles technologies ont révolutionné le travail, mais elles ont aussi introduit de nouvelles sources de stress. Le sociologue Vincent de Gaulejac explique que les outils informatiques isolent les employés et les forcent à résoudre seuls les conflits d’intérêt provenant de sources multiples. La communication par écrans interposés brouille l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les emails, les messages instantanés et les notifications incessantes fragmentent notre attention et augmentent le sentiment d’urgence. Ces interruptions constantes créent une pression continue et des malentendus, engendrant à la longue toutes les pathologies liées au stress.
Solutions pour Réduire le Stress
1. Formation à la Gestion du Temps et à l’Organisation
L’adoption de méthodes de gestion du temps et d’organisation efficaces est essentielle. Les employés devraient recevoir une formation sur des techniques telles que la méthode Pomodoro, la priorisation des tâches et l’utilisation de to-do lists. Cela peut aider à structurer leur journée et à réduire le sentiment d’être débordé. Une meilleure gestion du temps permet aux employés de se concentrer sur leurs tâches les plus importantes et de travailler de manière plus efficace.
2. Digital Detox et Gestion des Notifications
La mise en place de périodes de digital detox peut être bénéfique. Encourager les employés à désactiver les notifications non essentielles pendant certaines heures de la journée peut réduire les interruptions et permettre une concentration plus profonde. Des plages horaires sans emails peuvent également être instaurées pour favoriser le travail en continu. Cela permet de diminuer le stress causé par les interruptions constantes et de créer un environnement de travail plus calme et plus productif.
3. Espaces de Travail Flexibles
Créer des espaces de travail flexibles où les employés peuvent se détendre et se ressourcer est crucial. Des salles de silence ou des zones de repos peuvent offrir des moments de calme nécessaires pour se déconnecter temporairement du flux de travail. Ces espaces permettent aux employés de se reposer et de récupérer, améliorant ainsi leur bien-être général et leur capacité à gérer le stress.
Méditation
La méditation et la pleine conscience ont prouvé leur efficacité pour réduire le stress et améliorer la concentration. Des séances régulières de méditation, comme celles adoptées par EDF et Siemens, peuvent aider les employés à gérer l’anxiété et à améliorer leur capacité de concentration. Une étude neuroscientifique citée dans le troisième document indique que la méditation augmente la densité de matière grise dans les zones du cerveau liées à la concentration, à la conscience de soi et à l’empathie. En intégrant des pratiques de méditation dans le quotidien des employés, les entreprises peuvent créer un environnement de travail plus serein et plus propice à la productivité.
Conclusion
La gestion du stress au travail est un enjeu majeur pour les entreprises modernes. En adoptant une approche holistique qui inclut la formation à la gestion du temps, la réduction des interruptions numériques, la création d’espaces de travail flexibles, l’intégration de pratiques de méditation et la promotion de la déconnexion après le travail, les entreprises peuvent améliorer significativement les conditions de travail de leurs employés. Ces mesures non seulement augmentent l’efficacité des cadres, mais aussi leur bien-être général, contribuant ainsi à une culture d’entreprise plus saine et plus productive.